Depuis le début de sa carrière en 1979, la persistance du geste, le travail à long terme, marque l’œuvre de Françoise Lavoie. Privilégiant les techniques liées aux arts d’impression, elle conçoit des séries et des cycles, où l’image devient génératrice de fiction. Son questionnement s’est appuyé, au cours des années, sur la relation entre nature humaine et bêtise humaine dans des livres d’art tels Le Réticule et Hôtel ou l’installation Hôtel, le chant du mur noir, relative aux drames des camps de la mort. Celle-ci, par l’intégration de gravures de grandes dimensions à même une structure sombre et imposante, marquait d’ailleurs une nouvelle étape pour Fançoise Lavoie, qui peaufinera cette approche tout au long de sa carrière, et jusque dans sa production récente.
Au cœur du processus d’évolution de sa recherche picturale, les nouvelles technologies numériques s’imposent comme outil de création. Il existe, pour Françoise Lavoie, une filiation évidente entre les procédés propres à l’estampe et à l’image numérique. Chose étonnante, cette approche numérique n’a modifié en rien sa façon de concevoir l’œuvre imprimée. Se réclamant de la photo naturaliste plus que de la peinture, la photographie lui avait permis de fragmenter l’espace, de stocker et d’agencer des éléments de diverses sources. Son travail s’organise par une juxtaposition graphique et photographique. L’impression numérique n’est qu’un nouvel outil permettant d’obtenir des épreuves sur divers types de supports et d’élargir le choix quant au format. Le patrimoine iconographique sert ainsi de matériau de base à une esthétique hybride : amalgame, collage, déformation et transformation. À travers cette réalité, il n’y a plus de photographes ou de graveurs, seulement des créateurs d’images.
Cette recherche dans l’univers de l’image de synthèse s’inscrit parfaitement dans le développement de sa création, souvent […]